« Bien produire pour bien manger », c’était l’objet de la réunion publique que j’ai organisée vendredi 10 novembre à Campbon, dans ma circonscription. J’ai eu le plaisir d’accueillir ma collègue Mathilde Hignet, ouvrière agricole et députée d’Ille-et-Vilaine qui a initié un « Agri-tour » avec d’autres collègues députés insoumis. Le but de cet « agri-tour » est de recueillir les témoignages et observations des acteurs de l’agriculture avant l’examen du projet de loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) à l’Assemblée nationale.
Notre étape a commencé en allant à la rencontre, sur leur exploitation, de Julie et Vincent, maraîchers bio sur la commune de Campbon. Ils nous ont fait part des difficultés qu’ils ont rencontrées au cours de leur installation, mais aussi celles liées au réchauffement climatique qui leur imposent un devoir constant d’adaptation. Passionnés, ils nous ont présenté leur exploitation : une quarantaine de variétés de légumes destinées à la vente directe (AMAP, marchés, restaurants des environs) avec au total 7 personnes travaillant sur 5 hectares (Julie, Vincent et cinq salariés représentant 3 équivalents temps-plein). Un choix écologique et social qui fonctionne économiquement.
Nous nous sommes ensuite rendus avec Christelle Ardouin ma suppléante et conseillère municipale de la commune, sur le marché bio de la commune de la Chapelle-Launay, à la rencontre des commerçants qui proposent chaque vendredi des produits de qualités issus d’un modèle agricole qui doit être promu. Ils organisaient d’ailleurs ce jour-là leur première « fête à glouglou » pour faire découvrir les boissons bios (cidres, vins, tisanes etc.).
En soirée, notre réunion publique « Mieux produire pour mieux manger » aura permis à chacun de faire le plein d’arguments. Le modèle agro-alimentaire dominant actuel maltraite la terre, les animaux, les paysans et les consommateurs. Mais un autre modèle est possible. Il existe déjà ici ou là comme nous l’avons vu à Campbon. Il a besoin d’un changement politique à tous les niveaux (du consommateur, des communes, de l’Etat et de la politique agricole commune européenne) pour se développer. Les sujets de l’accès au foncier et de la formation des nouveaux paysans sont revenus plusieurs fois.
C’est ce qu’on dit nos invitées Rachel PEREZ, éleveuse de vaches laitières sur la commune de Plessé et membre de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique, et Émeline BERGERON, viticultrice à Vallet et membre du Groupement des Agriculteurs Biologiques de Loire-Atlantique. Elles ont notamment insisté sur le fait que la cherté des produits bio par rapports aux produits transformés par l’industrie agroalimentaires que l’on trouve généralement en grandes surfaces, n’était plus une vérité absolue, a fortiori quand on s’approvisionne en circuits courts et en produits bruts. Et plus encore quand on impute à l’agro-business ses coûts pour l’environnement (pollution des sols et de l’eau) ou la santé.
Mathilde Hignet a également indiqué qu’à l’Assemblée, une majorité de députés comprenant aussi des macronistes a fait voter lundi 6 novembre 271 millions d’euros d’aides d’urgence pour l’agriculture biologique et 350 millions d’euros pour les « mesures agro-environnementales et climatiques », c’est-à-dire pour subventionner les mesures favorables à l’environnement mises en œuvre par des agriculteurs. Mais la victoire aura été de courte durée malheureusement puisque le seizième 49-3 de Mme Borne a effacé ces votes moins de 48h après. Dans le même temps, le gouvernement français et les eurodéputés macronistes ne s’opposent pas à la prolongation de l’autorisation d’usage du glyphosate à Bruxelles. Au Conseil des ministres européens comme en commission « environnement » au Parlement européen, ils se sont abstenus. Entre agrochimie et agroécologie, il faut pourtant choisir !
La grande qualité des interventions de ces trois femmes engagées pour une agriculture écologique et paysanne a été largement soulignée par les applaudissements nourris d’une salle comble. La soixantaine de présents a ensuite partagé un buffet campagnards confectionnés par les militants insoumis … à partir de produits bios et locaux !