Retrouvez ci-dessous le discours que j’ai prononcé à la tribune de l’Assemblée Nationale le 21 novembre 2023.
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Collègues,
« Partage de la valeur » : Cinq ans après les gilets jaunes, 6 mois après le plus grand mouvement social pour défendre le droit à la retraite, ces mots sonnent faux !
Ce texte n’est pas un texte de partage. C’est un texte qui vise à donner aux salariés quelques miettes, pendant que les actionnaires gardent le pain et surtout le contrôle et la propriété de la boulangerie.
Ce texte n’est pour vous qu’un mauvais alibi. Un alibi de “pouvoir d’achat” d’un gouvernement qui ne fait rien pour augmenter les salaires, alors qu’ils ont perdu 7% de pouvoir d’achat en deux ans, un alibi de “dialogue social” après avoir piétiné les Français au printemps.
Ce texte est un texte anti-salaire : il ne repose que sur des exonérations de cotisations sociales ou d’impôts au profit de primes, d’intéressement et de participation. L’Insee estime que 30% de ces primes se sont substituées à des augmentations de salaire. Le banquier ou le propriétaire n’ont rien à faire des primes lorsque le salarié veut emprunter pour acheter une voiture ou louer un appartement.
Ce texte est un texte anti sécurité sociale. En multipliant les exonérations de cotisations sur les primes vous creuser le trou de la Sécu.
Ce texte est un texte anti service public. En multipliant les exonérations d’impôt sur le revenu pour les primes, vous appauvrissez l’Etat.
Non, vous ne permettez pas aux salariés de gagner plus. Vous leur promettez seulement d’avoir moins demain : moins de services publics, moins de remboursement de médicaments, moins d’accès aux soins, moins de droit à la retraite.
Mais ce texte est aussi celui d’un mariage. Un mariage entre macronistes et lepenistes, sur le dos des salariés.
Main dans la main, votes après votes, vous avez défendu la même arnaque sociale.
Ensemble, macronistes et lepénistes ont refusé l’augmentation du Smic.
Ensemble, macronistes et lepénistes ont refusé l’indexation des salaires sur l’inflation.
Ensemble, macronistes et lepénistes ont refusé le rétablissement de l’impôt sur la fortune.
Ensemble, macronistes et lepénistes appauvrissent la sécurité sociale et les retraites en les privant de cotisations.
Ensemble, macronistes et lepénistes fragilisent les salariés en voulant les transformer en une sorte d’auto-entrepreneur dont la rémunération dépendrait du bon vouloir du patron ou du dividende de l’actionnaire !
Les Français doivent savoir que Mme Le Pen partage avec M. Macron la préférence actionnariale, quand nous défendons la préférence salariale !
Je le dis aux Français : prenez garde quand vous croyez voir un carrosse lepéniste. Ce texte vous montre que vous n’aurez à la fin qu’une citrouille macroniste !
Pourtant, les solutions existent ! Si vous voulez vraiment partager les richesses :
- Augmentez le SMIC à 1600 euros nets, et supprimez les exonérations de cotisations dans les branches qui gardent des minimas inférieurs au smic.
- Indexez les salaires sur l’inflation comme la France insoumise le proposera au vote de notre Assemblée le 30 novembre prochain, et comme vous l’avez refusé en Commission ce matin.
- Limitez les écarts de salaires de 1 à 20 dans les entreprises au lieu de laisser M. Carlos Tavares, PDG de Stellantis, gagner un smic mensuel tous les quarts d’heures, 1200 fois le salaire moyen de son entreprise !
- Conditionnez les dividendes à des hausses de salaires alors que les seuls actionnaires du CAC40 ont ponctionné 92 milliards d’euros en 2022 et que les dividendes ont augmenté 2 fois et demi plus vite que les salaires
- Rétablissez l’ISF alors que la fortune des 500 ultra-riches a doublé sous Macron pour atteindre 1200 milliards d’euros : un milliard de SMIC.
- Si vous voulez lutter contre un salariat à plusieurs vitesses, protéger les sous-traitants au lieu de laisser les grands groupes donneurs d’ordres se gaver sur le dos des PME, de leurs salariés mais aussi bien souvent, de leur patron.
Nous ne partageons pas les mêmes valeurs que M. Macron et Mme Le Pen.
Les nôtres sont le travail, et le juste partage des richesses.
Bien sûr nous comprenons que des salariés prennent le peu qu’on leur donne. Mais nous combattons ce système qui permet que les actionnaires puissent prendre autant et laisser si peu.
L’augmentation des salaires est indispensable ! C’est une exigence de justice sociale, de respect du travail, de protection des salariés face à l’inflation. C’est aussi une exigence démocratique : la démesure dans les inégalités de rémunération fragilise l’adhésion au pacte démocratique. C’est enfin une exigence écologique si on veut que tout le monde puisse manger bio, acheter local, soutenir le fabriqué en France !
Ce texte passe à côté de l’enjeu : les travailleurs doivent reprendre le contrôle des richesses qu’ils créent.
Et ils doivent par leurs luttes et par leur vote, ordonner aux actionnaires : rendez l’argent !